Auteur : Pierre-François Kettler
Titre : L’Arc de la lune
Genre : fantasy
Thèmes : amitié, tolérance et différence, relations parents/enfants difficiles, quête de soi, interrogations à propos de ses origines
Points forts :
- - Les jeunes lecteurs pourront s’identifier au héros par son âge et son mal-être.
- - Le héros dépasse ses difficultés, ce qui donne une vision positive de lui et un bon exemple aux adolescents.
- - L’aventure et le genre de la fantasy remportent beaucoup de succès auprès des jeunes lecteurs.
- - Le caractère initiatique de l’œuvre rappelle les rites de passage qui conduisent de l’enfance à l’âge adulte.
Public-cible : à partir de 12 ans
Date de publication : janvier 2011
Lieu de publication : Belgique, Charleroi
Format : 17 X 11 cm
Collection : « Plume Blanche »
Numéro dans la collection : 2
Nombre de pages (appareil pédagogique compris): 312
Prix : 8 €/unité (prix dégressifs à partir de 7 exemplaires)
ISBN : 978-2- 87540-002-4
Auteures de l’appareil pédagogique : Stéphanie Philippart et Anne-Sophie Van der Cruys avec la collaboration de Frédérique Arnould, Charlotte Barbeaux, Delphine Lenisa et Monia Ouni (sous la direction de Benoît Anciaux)
Après quelques années à Chambéry, Pierre-François Kettler monte à Paris où il intègre l’Ecole Nationale de la Statistique et de l’Administration Economique. Il y découvre le théâtre et part deux ans au Rwanda où il enseigne à l’Institut Africain et Mauricien de Statistique et d’Economie Appliquée. Entre-temps, il développe un logiciel d’évolution de carrières pour les cadres de la Direction des Etudes et Recherches d’Electricité de France, et un an plus tard, il joue Les Mains sales de Sartre. Après la naissance de sa fille Garance, il traduit Deirdre des douleurs de John Millington Synge, fait quelques mises en scène, adapte Hugo et Desnos tout en continuant son activité théâtrale.
La naissance de deux autres enfants, Hugo et Morgane, le pousse à se consacrer pleinement à la compagnie Les Enfants du paradis et à construire des projets de sensibilisation théâtrale au sein de la cité. En 2005, suite au retrait des subventions de la compagnie, il se consacre exclusivement au métier d’acteur et à l’écriture.
Avec L’Arc de la lune, Pierre-François Kettler publie son premier roman.
Entre son beau-père détestable et sa mère qui le délaisse, Léo ne trouve pas sa place dans sa famille. De plus, il n’est pas comme les autres : c’est un « félissien ». Il décide alors de partir vivre dans le seul lieu où il se sent bien : la forêt. Il y fait de nombreuses rencontres qui lui permettent de grandir et de se construire, notamment celle avec Falgand qui lui apprend les secrets de son nouvel habitat. Mais les bois ne sont pas un lieu sûr : est-il vraiment fait pour ce monde ? Et qui est la mystérieuse Léa au prénom si semblable au sien et toujours accompagnée d’un loup ?
— Souviens-toi que ta place, ici, est provisoire !
Léo baisse la tête. Il déteste cette brute de Bern mais il ne veut plus lui donner de prétexte. Il ne veut plus être battu devant sa mère.
Elle regarde ailleurs. Elle est très occupée par ses petits derniers, les enfants de Bern. Ils font sans cesse des bêtises. Elle doit prendre soin d’eux. Ils sont petits, c’est normal qu’elle leur donne les meilleurs morceaux, les plus grosses parts.
— Léo, dit son beau-père, a eu plus que sa part.
Ce discours, l’enfant l’entend chaque jour.
Il n’y a pas beaucoup d’années d’écart entre Léo et les deux gamins. Mais le traitement de l’un et des autres est complètement différent.
— Tu es l’aîné, maintenant !
Il aimerait bien savoir ce que sa mère a voulu dire ce jour-là. Il n’y avait aucune tendresse dans sa voix. Elle n’ose pas lui dire qu’elle l’aime depuis que Bern est avec elle.
Il y a une dizaine de jours, c’était l’anniversaire de Bayle, le petit dernier. Il a invité tous ses copains d’école. Ils ont fait la fête toute la journée. Baka est venu leur raconter des histoires en s’accompagnant de sa mandoline. Ensuite, il leur a fait une démonstration de ses talents d’acrobate.
Baka-le-Shaman-Gris est un barde, un artiste célèbre à Bourg-de-Brank, la ville la plus proche. Il sillonne la campagne environnante sur ses échasses.
Hier, il a tendu un fil entre deux arbres et il a marché dessus ! Il s’est même allongé. On aurait dit qu’il flottait dans le vide.
Léo a déjà vu des magiciens faire tenir un homme à l’horizontal au-dessus du sol. Mais le faire soi-même, par la maîtrise du corps, il trouve ça beaucoup plus fort.
A la fin, Baka a jonglé avec cinq sabres, puis avec cinq torches. Un cercle doré faisait écho au disque argenté de la lune apparue au-dessus de la crête des Pâles.
[…]
— Tu n’es qu’un félissien ! Est-ce que tu en as conscience ?
Oh oui, Léo le sait ! Il est le lointain descendant d’un croisement magique réalisé entre les humains et les félins. C’était pendant la Guerre des dieux.
Ses pupilles rétrécissent et grossissent pour s’adapter à la luminosité. Ses ongles sont rétractiles comme les griffes des chats.
Tout cela, il le tient de son père. Sa mère, humaine comme Bern, n’a jamais voulu lui dire qui était cet être qui l’avait « engrossée » et abandonnée.
Il a aussi pu constater que sa différence rendait les autres méchants. Il leur fait peur. Il n’a jamais agressé un seul de ses camarades, pourtant. Mais dès qu’il apparaît, les yeux se détournent, les regards se font torves.
[…]
Le matin, le cours de dame Gwendyne est consacré à la flore des Marches Pâles. Léo connaît bien sa région et il passe ses journées de liberté à courir les chemins, les champs, les prés, et, surtout, la forêt. Sa forêt. Il écoute avec attention, mémorise les particularités de chaque plante, ses propriétés, son aspect. Il est fasciné par la quantité importante d’herbes aux vertus curatives.
Aussi, quand elle interroge les enfants pour savoir comment chacun a assimilé sa leçon, Léo n’a aucun mal à répondre aux questions les plus complexes.
— Au moins il y en a un qui écoute, même si ça ne se voit pas, commente malicieusement dame Gwendyne.
Il aime beaucoup cette enseignante. Elle a su comprendre que, quand il rêvait, c’était sa manière de réfléchir. Il l’écoute même s’il ne passe pas son temps à la regarder fixement en hochant la tête pour bien souligner son attention. Elle est la seule à l’avoir défendu lors du précédent conseil de classe.
— Cet enfant est toujours dans la lune ! disait l’un.
— Il n’apprend rien de l’histoire du Royaume, c’est une catastrophe ! commentait l’autre.
— Il ne comprend rien au maniement du boulier, il se contente de faire du bruit avec ! ajoutait le professeur de calcul.
Léo n’a rien contre les calculs, mais il ne voit pas leur intérêt. À quoi bon dénombrer quand on n’a pas un seul ami ? Quand même sa mère ne lui adresse plus la parole ?
[…]
Soudain, il entend la voix de son beau-père qui résonne dans sa tête.
— Tu n’es qu’une fiotte ! Tu fais le malin comme ça, mais, au premier obstacle, tu courberas l’échine.
C’était il y a quelques jours. Des paroles humiliantes de plus.
Léo se redresse. Les coups qui pleuvent sur tout son corps lui font mal. Il ne peut plus le supporter, il ne veut plus. Il se débat. Et comme deux paires de mains le tiennent solidement par les coudes, il mord la première qui lui tombe sous les crocs. Un hurlement retentit. La main, soudain ensanglantée, a lâché prise. Son bras est libre. Léo sort ses griffes. Ses doigts deviennent serres aux ongles tranchants. Il fait un mouvement de son bras libre et il sent de la chair dans laquelle il plante ses lames de rasoir. Nouveau cri. Nouvelle liberté. Son poing part à la volée. Il rencontre un nez. Un borborygme échappe à sa nouvelle victime. Ses gestes deviennent plus précis, même si l’enfant a le sentiment d’être spectateur de ses actes. Il griffe, mord et se débat tant qu’il finit par se relever. Deux de ses ennemis sont à terre et gémissent ; les autres le regardent avec horreur. Nark contemple sa main d’où s’égoutte du sang.
Léo ne veut plus se battre. Sa tête lui fait mal. Maintenant qu’ils l’ont lâché, il se recule et s’enfuit en courant. Il va manquer l’école cet après-midi. Tant pis. Il n’a qu’une amie : la forêt. Il a besoin de la retrouver.
[…]
Comme chaque soir, avec la tombée de la nuit, maître Falgand disparaît et sa fille revient. la différence du père, elle n’a jamais dit son nom. Elle sert à manger à l’enfant et s’installe à table avec lui devant un brouet fait de racines oranges légèrement sucrées.
— Falgand ne reviendra pas pendant quelque temps, commence sa fille. Je vais aussi devoir m’absenter. Te sens-tu capable de survivre sans nous les dix jours qui viennent ?
Le visage de Léo est rayonnant.
— Vous allez me laisser seul pendant dix jours ?
Elle sourit et de petites rides apparaissent sous ses yeux.
— Je vois que tu prends la situation avec entrain. Je voudrais tout de même te mettre en garde…
— Comment ça ? interroge l’enfant, surpris par la gravité soudaine de la femme.
— Il n’y a pas que des habitants bienveillants dans la forêt. Même si elle est rarement pénétrée par l’homme, il existe des prédateurs. Il y en a parmi les bêtes sauvages. Il y a ceux qui détestent qu’on envahisse leur territoire. Il faudra faire attention où tu mets les pieds. Et il y a ceux qui tuent pour le plaisir. Le pire est l’homme, mais la concurrence est rude parmi les monstres.
— Je ferai attention, promet Léo.
— D’autant plus que Falgand ne veut pas que tu habites seul dans notre maison.
L’enfant a l’impression de recevoir un coup de bâton sur le crâne. Elle pose sa main sur la sienne.
— Ne t’inquiète pas. Falgand estime que tu en sais suffisamment pour survivre dans la forêt. Il m’a dit que tu saurais trouver un bon coin pour te bâtir une cabane et nous y attendre.
L’enfant regarde les yeux de sa bienfaitrice. Il s’y plonge avec délice.
— Alors, je vais me coucher tout de suite, répond-il avec force. Je partirai demain.
Au petit matin, Léo fait son paquetage. Il trouve sur la table, devant la maison, un paquet avec un petit mot : « Sois prudent. Reviens-nous encore plus fort. Tu trouveras une petite boîte avec une pâte blanche. Utilise-la si tu as un accident grave. Ce baume soigne toutes les blessures. Nous t’embrassons. Falgand et Léa ».
L’enfant ne regrette pas d’avoir appris à lire. Il connaît enfin le nom de la fille de Falgand. Depuis combien d’années n’a-t-il pas eu de cadeau ? Il ouvre la petite boîte et renifle à l’intérieur. C’est un peu piquant. C’est agréable. Il y a aussi un gros pain qui pourra durer les dix jours, des lianes de viande sèche et des fruits secs dans une boîte en bois. Il fourre le tout dans son sac et part d’un pas léger en direction de l’amont.
[…]
Léo court à côté de Loup-très-ancien. Il saute par-dessus les obstacles. Il évite les branches basses. Sa vision nocturne lui permet de distinguer le relief et la végétation. Cela fait bien une heure qu’il s’est enfui de chez sa mère. Après sa journée de marche avec Falgand, la fatigue commence à le gagner. Il sent ses jambes devenir lourdes. Ses poumons sont en feu. Sa respiration est sifflante. Sa vision se fait moins précise.
Des petits filaments dansent devant ses yeux. Ils ressemblent à des vers translucides constellés de petits points. Ils n’ont pas de couleur. Ils dérivent lentement sur un côté de sa rétine. Puis, ils reviennent au centre en un fragment de seconde. Ils dérivent, puis reviennent. Ils se mettent à tournoyer en gracieuses arabesques…
Léo bute contre une souche. Il s’effondre sur le sol heureusement couvert de mousse.
Il voit les filaments se transformer en petites étoiles.
Il ne voit plus rien.
Un coup de langue râpeuse le tire de sa torpeur.
— Relève-toi, petit deux-pattes chat, gronde la voix de Loup-très-ancien.
L’enfant peine à se redresser. Son corps n’aspire qu’au sommeil.
— Ouvre la bouche, poursuit le loup.
Léo ouvre la bouche. Il sent un souffle l’envahir, le pénétrer, le raffermir.
— Redresse-toi et monte sur mon dos, je t’ai donné assez de force pour ça.
Léo grimpe sur Loup-très-ancien. Il sent un frisson parcourir le pelage de la bête.
— J’avais oublié combien les deux-pattes sont fragiles, grogne Loup-très-ancien.
Léo prend sa respiration pour répondre qu’il est désolé.
— Tais-toi. Je vais te porter pour rejoindre la meute. Ne le dis à personne.
Son corps lié à celui de Loup-très-ancien, Léo a l’impression de rêver. Ils se déplacent à vive allure sous les ombres de la forêt. Parfois, un hululement retentit. Mais le plus souvent, ils semblent glisser dans l’obscurité. Loup-très-ancien file dans la nuit sans un bruit. Parfois, à la traversée d’une clairière, Léo aperçoit les étoiles dessinant leurs motifs mystérieux dans le ciel.
Il se laisse aller. Il ne comprend pas. Malgré son immense fatigue, il est bien. Loup-très-ancien monte dans la montagne. Il ralentit à peine. Ils sont toujours entourés d’arbres.
Une teinte grise apparaît. Ce n’est pas encore l’éclat du soleil. C’est le voile qu’arbore la terre pour saluer le retour du jour. Les humains recommencent à voir. Les corps frissonnent. La rosée se dépose sur chaque plante pour lui faire sa toilette.
Le loup ralentit sa course. Il s’arrête.
— Descends maintenant. La meute n’est pas loin.
Le loup ne trottine plus. Il avance lentement pour que Léo puisse le suivre. L’enfant en a bien conscience.
— Il faudra que je t’apprenne à courir. Tu n’as donc rien appris à ton école ? demande Loup-très-ancien.
Si Léo en avait la force, il rirait. Comment le vieux loup sait-il ça ?
— J’ai pu lire une partie de ta vie quand je t’ai donné le souffle, hier soir. Tu étais si abandonné…
Léo pose sa main sur le pelage du loup. Ce dernier s’écarte d’un frisson.
— Ne me touche plus ! gronde Loup-très-ancien. La meute ne doit pas savoir. Elle ne connaît pas les deux-pattes.
Léo opine de la tête. Il ne comprend pas. Les loups ont leurs propres règles. Il doit les respecter. Falgand lui a appris la chance extraordinaire qu’il avait eue de rencontrer une meute. Il doit s’adapter.
[…]
Une forme surgit en trombe. Elle jaillit du couvert des arbres et se précipite vers le chêne. Elle court sur deux jambes, légèrement ployée en avant. Il n’a jamais vu un être humain courir aussi vite. Il était le plus rapide de sa classe, mais il en est sûr, il ne peut atteindre cette vitesse.
Un choc sourd. Un cri étranglé. La forme roule sur le sol. Elle a buté dans une racine. Elle halète et son odeur monte jusqu’à lui. Elle suinte la peur, une peur enragée. Si elle est acculée, elle ne se laissera pas faire. Elle a dû se fouler la cheville car elle a du mal à se relever.
Qui est donc cet être qui marche sur deux pattes, qui court aussi vite, poursuivi par des chiens et d’autres individus à deux pattes qu’il a distancés ?
Léo entend des grognements rauques qui se rapprochent.
Ce ne sont pas des chiens qui surgissent de la forêt ! Ce sont d’énormes molosses à la gueule écumante, aux prunelles jetant des éclairs rouges. Juchés sur chacun d’entre eux, des enfants tiennent de longues lances pointées devant eux. Léo pense à des enfants car ils sont de petite taille. Mais un coup d’œil plus précis lui révèle que ce ne sont pas des enfants. Ils ont des faciès repoussants. Il ne savait pas qu’il en rencontrerait un jour. Encore moins une nuit. Il n’en a vu que sur son livre d’images à l’école. Il les reconnaît pourtant. Ce sont des gobelins.
Il sait qu’un groupe de protecteurs gobelins patrouille dans les forêts des Marches Pâles. Mais ceux qui chevauchent ces gros monstres canins ne sont pas là pour protéger. Ce sont des chasseurs et ils tiennent presque leur proie. Ils sont quatre.
Leur gibier s’est adossé au tronc du grand chêne. Il a ramassé une grosse branche et un gros caillou. Il se sert du premier comme d’une canne, mais aussi, Léo en est sûr, ce peut être une arme redoutable entre ses mains. L’être ainsi acculé ne tremble plus de peur. Il est animé d’une rage froide. Il souffre de sa chute mais il ne panique pas. Ce n’est pas un animal, c’est un être pensant, comme lui. Ce n’est pas un humain non plus. Ce n’est pas un félissien. Qui est-ce donc ?
— Zella Wulfy, sdner-iot ! jette l’un des gobelins. Ut sarua al eiv evuas.
— Ceva enu elliero ne sniom ! crache le gibier.
Celui qui semble être le chef écarte les bras.
— Ut sias neib euq c’tse el xirp à reyap ! Li en tiallaf sap t’riufne.
Il hausse alors le ton:
— Tnanetniam, stem-iot à xuoneg te sdner-suon egammoh, evalcse !
— Zella souv eriaf ertuof ! gronde à nouveau leur victime.
— Tnat sip ruop iot ! hurle le chef.
Les quatre molosses surmontés de leurs lanciers chargent vers le chêne.
Sans réfléchir, Léo vise et lâche une première flèche. Il n’a pu encore tester son arc, mais il lui répond comme s’il faisait partie de lui-même. Un cri de rage et de souffrance retentit. Un des monstres canins a stoppé net sa charge et se débat en tous sens pour arracher l’aiguille qui vient de traverser son cou. Il a désarçonné son cavalier qui reste immobile sur le sol.
La charge s’est arrêtée net. Chacun des autres cavaliers a retenu sa monture et lui a fait faire volte-face. Ils regardent le molosse qui se débat et leur camarade qui ne bouge plus. Ils ne comprennent pas. Ils hésitent.
— Montez, vite ! chuchote Léo.
Il réalise après coup qu’il a parlé trop bas pour être entendu de la forme traquée qui attend sa fin adossée au grand chêne. Mais il a si peur que les gobelins l’entendent qu’il n’a pas osé porter sa voix davantage.
Pourtant, l’être inconnu profite de la confusion pour s’élever dans l’arbre. Il ne l’a peut-être pas entendu mais il a compris que c’était sa seule chance d’échapper à ses poursuivants. Le plus étonnant est qu’il monte directement vers lui.
Pendant ce temps, les trois cavaliers se sont regroupés et discutent ferme.
La forme s’approche toujours. Elle n’est plus qu’a trois mètres de lui.
— Merci. Qui êtes-vous ? fait-elle doucement avec un accent épouvantable.
Léo manque tomber de sa branche. Non pour l’accent mais de surprise. L’être a compris son injonction ! Il l’a entendu.
— Venez, répond tout aussi doucement Léo.
LE CAHIER DE TRAVAIL
Le roman de Pierre-François Kettler est accompagné d’un « cahier de travail » d’une bonne septantaine de pages qui fait partie intégrante de l’ouvrage. Celui-ci vise à développer le potentiel de nos élèves en matière de productions écrites et orales tout en affinant leurs capacités à lire et à interpréter efficacement le récit. Il est composé de deux parties complémentaires : la première, très courte, intitulée « En guise d’apéritif », propose quelques pistes pour découvrir le roman avant la lecture et la seconde, beaucoup plus longue, appelée « L’appareil pédagogique », offre des activités à réaliser pendant et après la lecture, ainsi que la liste des compétences mises en jeu dans l’ensemble du « Cahier de travail ».
EN GUISE D’APERITIF
Avant de lire le roman, les élèves sont, d’abord, invités à observer les première et quatrième de couverture, dans leurs dimensions textuelle et graphique, afin d’émettre des hypothèses sur le récit qu’ils s’apprêtent à découvrir, tout en travaillant leur créativité. Ensuite, à partir de plusieurs dialogues, il leur est demandé d’imaginer les personnages de l’œuvre et d’en dresser un portrait.
Ces activités, destinées à aiguiser leur sens de l’observation, s’accompagnent d’exercices d’écriture, gravitant autour des personnages, du cadre spatio-temporel et de l’intrigue.
Une mise en bouche, en somme, qui éveille la curiosité des lecteurs et suscite l’envie d’explorer le roman…
L’APPAREIL PEDAGOGIQUE
Destiné au travail en classe, l’appareil pédagogique a pour but d’offrir au professeur un éventail varié d’activités, en lien avec les constituants du récit, les thématiques essentielles, le message et le genre de l’œuvre. Il propose, pour chaque œuvre, des arrêts-lecture, des arrêts-analyse et des arrêts-synthèse, une proposition de parcours, une boîte à outils, une série de suggestions centrées sur l’écriture et la prise de parole et la liste des compétences prises en charge dans « Le Cahier de travail ».
Parfaitement conforme aux socles de compétences et aux programmes de français en vigueur en Communauté française de Belgique, l’appareil pédagogique guide les élèves vers une meilleure perception et une fine compréhension des traits caractéristiques du roman, sans pour autant porter atteinte à la liberté d’enseignement du professeur, sans brider sa créativité.
Les arrêts-lecture
Par le biais de questionnaires, les arrêts-lecture invitent l’élève à dresser le bilan de ce qu’il a lu depuis le début de l’œuvre (« Faisons le point… ») et à avancer des hypothèses concernant la suite de l’histoire (« Posons des hypothèses… »). Il doit donc faire appel à sa mémoire, mais également à ses capacités de déduction et d’invention.
L’appareil pédagogique de L’Arc de la lune propose cinq arrêts-lecture.
Les arrêts-analyse
Comme leur nom l’indique, les arrêts-analyse consistent à décrypter un passage important du texte, en vue de mettre en évidence un constituant du récit (personnage, cadre spatio-temporel, intrigue…), une thématique pertinente, les caractéristiques du genre…
Après avoir répondu aux questions posées, l’élève est amené, sur base d’une situation-problème clairement définie, à écrire un texte traitant du sujet abordé dans l’arrêt-analyse ou à prendre la parole, seul ou dans le cadre d’un échange verbal.
L’appareil pédagogique de L’Arc de la lune propose cinq arrêts-analyse :
Arrêt-analyse 1 : un terrible face-à-face…
Arrêt-analyse 2 : Léo ou la force tranquille…
Arrêt-analyse 3 : chère Maman…
Arrêt-analyse 4 : plongée en fantasy…
Arrêt-analyse 5 : de l’incipit à l’excipit…
Les arrêts-synthèse
Comme les arrêts-analyse, les arrêts-synthèse mettent en jeu une problématique importante du récit mais, contrairement à ceux-ci, ils portent sur l’ensemble de l’œuvre. Ces arrêts combinent des activités de lecture et des exercices d’écriture : l’élève est engagé, par exemple, dans un processus de travail sur l’intrigue et est invité à rédiger un texte correspondant à une situation-problème donnée. Pour ce faire, il s’appuie, à nouveau, sur les réponses élaborées à partir d’un questionnaire de lecture.
L’appareil pédagogique de L’Arc de la lune propose cinq arrêts-synthèse :
Arrêt-synthèse 1 : il était une fois…
Arrêt-synthèse 2 : immersion en high fantasy…
Arrêt-synthèse 3 : d’un lieu à l’autre…
Arrêt-synthèse 4 : le félissien et la loupine…
Arrêt-synthèse 5 : au seuil de l’œuvre…
La situation-problème et la tâche-problème
Pour ouvrir le parcours, une situation-problème et une (des) tâche(s)-problème qui en découle(nt) directement sont proposées aux élèves. Elles constituent le fil conducteur du travail de la classe au long des différentes séquences et des activités qui les composent.
Dans L’Arc de la lune, l’élève se glisse dans la peau d’un membre du comité éditorial des Editions du Chemin et participe, avec l’ensemble de l’équipe, à une discussion de groupe régulée afin de décider de publier ou non le roman de Pierre-François Kettler.
Les compétences
Vient ensuite la liste des compétences entraînées étape après étape, c’est-à-dire celles réellement exercées par les élèves au fil des différentes activités constituant le parcours.
Quatre niveaux de compétences sont travaillés dans L’Arc de la lune : celles liées à la situation-problème ; celles portant sur l’intention dominante (informer, convaincre, plaire ou interagir) ; celles relevant du genre à produire (récit d’aventure, journal intime…) ; celles, enfin, liées au canal de communication (écrit, oral…).
Le parcours en lui-même
Le parcours diffère, bien entendu, d’un « Cahier de travail » à l’autre.
Nous proposons, pour L’Arc de la lune, une succession de trois étapes, destinées à exercer les compétences sur lesquelles les élèves seront évalués lors de l’épreuve certificative clôturant le parcours. Celui-ci est donc organisé en trois axes complémentaires, gravitant autour d’un genre particulier : la discussion de groupe régulée.
La première étape consiste en une découverte générale de la discussion de groupe régulée. A cette partie succède une étape consacrée à la défense d’un point de vue, en s’attardant successivement sur les notions de thèse et d’arguments. La troisième phase du parcours, enfin, porte sur le canal de communication et quelques-unes de ses principales composantes : la posture, les gestes, le débit et les interactions.
La démarche pédagogique est identique pour chacune des étapes, alternant les points théoriques avec les exercices pratiques. En effet, l’élève est soumis à des questions ciblées, puis il est invité à compléter une brève synthèse, en vue de structurer ses connaissances, de s’approprier les nouvelles ressources et de conceptualiser les observations découlant des questionnaires de lecture. Enfin, il réinvestit ses apprentissages lors d’une ultime activité orale, ce qui lui permet d’évaluer ses acquis et lacunes et de prendre toute la mesure de sa progression.
« L’Appareil pédagogique » de L’Arc de la lune propose un parcours composé de trois étapes :
Etape 1 : à la découverte de la discussion de groupe régulée
1. Une discussion de groupe, régulée ou non…
2. Ecouter et regarder pour mieux prendre la parole…
3. Régulation, quand tu nous tiens…
4. Prendre la parole pour…
5. Faisons le point…
6. A toi de jouer !
Etape 2 : défendre son point de vue
1. Se positionner par rapport au sujet de la discussion…
2. Repérer des arguments…
3. Compléter des arguments…
4. Appuyer une thèse par des arguments…
5. Faisons le point…
6. A toi de jouer !
Etape 3 : du canal de communication oral
1. Une posture à prendre…
2. Des gestes à mesurer…
3. Un débit à soigner…
4. Des interactions à construire…
5. Faisons le point…
6. A toi de jouer !
La boîte à outils
La boîte à outils regroupe divers documents (fiches documentaires, interviews de l’auteur, conseils de lecture, argumentaires…), auxquels l’élève peut recourir pour s’informer, porter un jugement sur le récit ou produire un texte similaire.
L’appareil pédagogique de L’Arc de la lune fournit les documents suivants :
- La carte d’identité
- L’interview de l’auteure
- Le mot de l’éditrice
- Les conseils de lecture
- Les phrases chocs
- Les argumentaires
La boîte à suggestions en écriture
Cette section suggère de nouvelles pistes d’activités à l’enseignant, libre de sélectionner les exercices qu’il pratiquera en classe. Cette partie, comme son nom l’indique, est centrée sur l’écriture.
La boîte à suggestions en écriture de L’Arc de la lune comporte les pistes suivantes :
- Le compte rendu de lecture
- La lettre à l’auteur
- La nouvelle couverture
- La page de dictionnaire
- Le texte poétique
- La page à ajouter au roman
- L’illustration d’un extrait significatif
La boîte à suggestions en prise de parole
Cette section élargit l’éventail des activités déjà proposées, en matière de prise de parole, l’enseignant étant, à nouveau, libre de choisir les exercices répondant le mieux à son projet pédagogique.
La boîte à suggestions en prise de parole de L’Arc de la lune se compose des activités suivantes :
- La lecture à voix haute d’un passage
- La présentation individuelle et orale du roman
- La mise en voix, en jeu et en scène d’un passage théâtralisé
- La réaction orale à un avis écrit émis sur le roman
LES COMPETENCES
La seconde partie du « Cahier de travail » se termine sur la liste de toutes les compétences qui sont réellement entraînées ou peuvent l’être par le biais des activités proposées aux élèves. Celles-ci sont classées, d’abord, en fonction des apprentissages développées en lecture, écriture et prise de parole / écoute ; ensuite, en tenant compte de l’intention dominante poursuivie : informer, convaincre ou plaire ; enfin, sur base des genres (voire des types) de textes que les élèves doivent étudier ou produire.