Auteur : Olivier Lhote
Titre : Relève-toi
Genre : roman psychologique
Thèmes : découverte d’une passion, épanouissement, relations parents/enfants, amitié, amour
Points forts :
- - Un thème proche des préoccupations adolescentes traité sur un mode réaliste
- - Un message optimiste qui invite au dépassement de soi
- - Une écriture imagée à la fois riche et accessible
- - Une narration à la première personne permettant de mieux comprendre le héros et ses réactions
- - Des personnages vrais et touchants aux relations complexes
Public-cible : à partir de 12 ans
Date de publication : décembre 2011
Lieu de publication : Belgique, Charleroi
Format : 17 X 11 cm
Collection : « LES PLUMES BLANCHES »
Numéro dans la collection : LPB3
Nombre de pages : 96 p.
Prix : 5 €
ISBN : 978-2-87540-035-2
Cela fait plusieurs années maintenant qu’Olivier Lhote, cet amoureux de l’art et des lettres, partage les images et les récits récoltés au fil de ses nombreux voyages au travers de l’illustration et de l’écriture. Passionné par le sport, il publie en 2001 un documentaire sur la boxe intitulé La boxe éducative (Milan) et consacre à l’équitation une collection pour enfants (Editions Lito) depuis 2008. En 2004, il écrit Solitude Store (Ibis rouge), son premier roman pour adolescents. Avec Relève-toi, Olivier Lhote espère emmener les jeunes dans l’univers de la boxe, où domine le goût de l’effort.
Bibliographie
Documentaires
La Boxe éducative, Milan, 2001
Des oiseaux à la maison, Milan, 2002
Tous les rapaces du monde, Milan, 2005
Livres pour enfants
Nous les garçons, Milan, 2006
Un cheval en cavale, Editions Lito, 2008
Bakova et la malédiction du chaman, Editions Lito, 2009
Drôle de dressage, Editions Lito, 2010
Doudou la chenille, Editions Lito, 2010
Romans pour adolescents
Solitude Store, Ibis rouge, 2001
Un père indifférent, une mère débordée et des déboires amoureux, voilà le quotidien maussade du jeune Nouche, douze ans. Un jour, il trouve le courage de pousser la porte de la salle de boxe de son quartier. Dès le moment où il enfile ses premiers gants, des changements s’opèrent en lui. Son assurance grandit de plus en plus en plus, trop peut-être. Avec l’aide de son entraîneur, il découvre les aléas du sport, de la compétition et, surtout, de la vie….
Je me souviens bien du premier jour.
La salle de boxe possédait une grande baie vitrée qui donnait derrière le stade de foot. De l’ extérieur, on pouvait observer les boxeurs qui échangeaient des coups sur le ring, frappaient dans des sacs de cuir ou sautaient à la corde. Un vent tiède de septembre me courait dans la nuque et, pourtant, je frissonnais.
Je suis resté vingt minutes dehors, impressionné par l’ agilité des boxeurs. Ensuite, j’ ai monté les marches et poussé la porte timidement. Personne ne m’ a regardé, personne n’ a interrompu son travail.
Ce qui frappe, d’ abord, – enfin, façon de parler, bien sûr ! – c’ est le son ! Les cordes qui giflent le sol poussiéreux, les sacs de cuir qui encaissent lourdement les uppercuts et les planches du ring qui résonnent à chaque déplacement rapide.
Avant de reprendre sa leçon, l’ entraîneur m’ a fait signe de la main pour me signaler qu’ il arrivait tout de suite. Il portait des gants plats dans lesquels un jeune lançait des gauches et des droites explosives. Les poings fusaient et reprenaient aussitôt leur place au menton du boxeur : il était en garde. Et, même si je n’ y connaissais rien, je le trouvais magnifique.
[…]
Je n’ ai plus été le même à la suite de cette soirée : je me sentais plus sûr de moi et j’ avais l’ impression d’ appartenir à un clan plutôt qu’ à une équipe. C’ est vrai que je n’ avais pas encore boxé, mais j’ avais partagé les doutes, les tensions et l’ intimité de Franco et d’ Antonio. Je me croyais déjà boxeur. Je pesais lourd face aux tempêtes. Heureusement parce qu’ elles allaient être nombreuses et féroces dans les mois à venir ! La plupart des gars de ma classe végétaient, n’ avaient aucune passion et passaient leur temps au « cul » des cigarettes. Moi, j’ avançais dans la vie. En ligne de mire, mon combat se dessinait et, plus loin, je le savais, une vraie carrière professionnelle m’ attendait.
Les semaines s’ étaient écoulées, et Monsieur Martineau avait durci mes entraînements en prévision de mon premier assaut. Alors que j’ avais un peu maigri, mes muscles, en tout cas, avaient gagné en volume. Je ne parlais plus que de la boxe et je voyais bien que j’ agaçais mon monde. Mon père a été le premier à me le reprocher, mais je n’ ai pas accepté sa remarque. On était à table, et j’ expliquais deux ou trois trucs techniques à ma mère quand il m’ a coupé la parole :
- Va-t-on pouvoir manger tranquillement un jour ou comptes-tu nous fatiguer tous les soirs avec tes salades ? J’ en ai ras-le-bol d’ entendre des histoires de droites, de gauches et de directs.
- Ben quoi ? je croyais que t’ avais boxé quand t’ étais jeune. Tu devrais être content… Peut-être que t’ es qu’ un gros baratineur et que t’ avais trop peur pour monter sur le ring ? ai-je répondu.
- Tiens, prends celle-là. Et dis-moi si elle te baratine !
Je venais d’ essuyer une sacrée claque. La joue me cuisait et je me suis instantanément levé.
[…]
Le jour où je me suis lancé, alors qu’ elle discutait avec une copine dans la cour, je me suis redressé, j’ ai balancé mes épaules en arrière et j’ ai bombé le torse pour me donner du courage.
- Salut Johanna, salut Sarah !
- Salut ! ont-elles répondu en chœur.
- Je peux te parler deux minutes, seul à seule ?
- Euh… oui… Où veux-tu aller ?
- Pas loin, juste là près du tilleul.
- Que veux-tu me dire ?
- Tu sais que je suis boxeur, je suppose ?
- Oui. Tu en parles à tout le monde, alors…
- Ah ouais… et bien, c’ est parce que j’ aime bien parler de ce qui me plaît !
- Cela fait un peu frimeur, non ?
- Tu trouves ?
- Oui…
- Bon, en fait, je vais faire mon premier combat dans deux semaines et j’ aimerais bien que tu viennes me voir.
- Tu sais, Nouche, la boxe, ce n’ est vraiment pas mon truc. Je vais être franche : avant, je t’ aimais bien comme garçon même si je ne te parlais pas trop. Mais je n’ apprécie pas ce que tu es devenu !
- Mais… comment ça ?
- Regarde-toi ! Tu marches comme un cybernaute. Tu crois que tu as des muscles en fonte et tu roules des mécaniques dans la cour.
- Non, non, je t’ assure…
- Je trouve qu’ avant, tu étais plus sympa. Maintenant, tu es un gros flambeur : on dirait que tu veux casser la figure de tout le monde. Moi, je n’ aime pas les gars comme cela.
- Ca veut dire non, alors ?
- Evidemment ! En plus, je trouve cela moche comme sport. Excuse-moi, Sarah m’ attend.
Elle m’ a abandonné là avec mes espérances et mes rêves avant de rejoindre sa copine. Je les ai vues se parler et elles ont éclaté de rire.
[…]
Dans le vestiaire, j’ ai gardé la tête basse, moi qui voulais rapporter une victoire à la maison. Monsieur Martineau m’ a pris par les épaules et m’ a regardé droit dans les yeux en me disant :
- Pour moi, le bon boxeur n’ est pas celui qui ne tombe pas. Parce que, en réalité, il tombera forcément un jour. Le plus fort, c’ est celui qui sait se relever. Repartir demande plus de courage que de ne pas s’ arrêter. Et, dans la vie, c’ est pareil ! Tu es allé au bout et tu peux en être fier. Un match nul, c’ est très honorable et, maintenant, tu vas me montrer que tu es capable d’ avancer. Prouve-moi que tu sais mettre un genou à terre, te relever et retourner au combat !
Monsieur Martineau venait de regonfler mon moral en quelques phrases. La bulle qui nous abritait s’ est évaporée. J’ ai entendu le monde qui nous entourait dans le vestiaire : les douches qui coulaient et les boxeurs qui gueulaient leur joie ou leur déception. J’ étais revenu à la réalité, mais les phrases de mon entraîneur résonnaient encore. Ouais, j’ allais lui montrer que j’ étais capable de me battre et, d’ abord, contre moi-même. J’ allais devenir quelqu’ un de courageux, quelqu’ un de bien.